Fleur de chagrin
(lrdg 042, cassette 100 exemplaires)
Les cassettes sont livrées avec un mouchoir sérigraphie pour sécher vos larmes.
Le diable à la croisée des chemins
D’où croyez-vous venir ? Où croyez-vous aller ? Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate : vous qui la nouille à l’air passez le seuil de ce disque, laissez-donc là toute espérance, et glissez dans le sillage vénéneux du diable votre guide.
D’où crois-tu venir ? La montagne n’est plus seulement la montagne ; après ton passage, elle ne sera même plus une montagne. Comme tout le paysage, elle aura été mangée, saucée par d’invisibles sangsues. Ta nostalgie du sol et ta soif d’un retour aux sources n’auront trouvé qu’une forêt de mots vains et une eau viciée. Où crois-tu aller ? À la croisée des chemins, le monde se consume au futur antérieur. Le diable seul saura te faire surmonter le dégoût des traditions, et l’amour du diable seul te donner suffisamment d’allant pour atteindre ton terme : un village, peut-être, mais qui n’est de personne, un havre à ta démesure.
La sombre tradition à laquelle appartient ce jeu de piétinements ternaires, comme le rythme d’un cœur au diapason du monde inversé, n’est celle d’aucun pays et d’aucun temps assignés. Plutôt topologie de l’Ève réveillée après un sommeil de mille ans, lecture idiosyncrasique et possédée de notre terreau commun, faits de récits compostés dans les limbes du passé, de chansons captées in extremis vitae et rebus dans les antichambres privatisées de la mort.
De quoi nous parle-t-elle ? De notre errance automobile et amoureuse, de la porosité des membranes qui séparent êtres et choses, de l’inversion constante des signes. Les dix-sept étapes de ce court voyage, où s’entrelacent battements d’objets, cornes soufflées et crins frottés, forment la carte d’un pays à jamais introuvable, le nôtre, où seuls nous guident la voix de vieil enfant et le charme vénéneux du diable dégoûtant.
Mixé et masterisé par Manuel Duval au studio de la Grange Cavale